La Charoloise ou le cortège d’Europe
En France, les premières sources musicales destinées à l’orgue sont particulièrement rares et une bonne part de ces sources consiste en fait en transcriptions : trois livres de chansons, un livre de motets et un livre de danses, tous « réduits en la tabulature du jeu d’orgues, espi-nettes et manicordions », sont publiés à Paris par Pierre Attaingnant en 1530 et 1531. C’est dire si l’orgue avait déjà la réputation d’un instrument transcripteur, sur lequel un musicien pouvait interpréter seul ce qui nécessitait plusieurs chanteurs, ce rôle ne le quittera jamais, même au-delà du XVIIIe siècle.
L’orgue de Charolles est la plus importante réalisation de la Manufacture Blumenroeder. Commencé au deuxième semestre 2013, l’instrument a été achevé pour cet enregistrement. Il s’agit d’un orgue neuf dont la base artistique vient puiser ses racines dans les années 1630 à Rouen. La personnalité de Jehan Titelouze représente le fil conducteur des recherches effec-tuées, en grande partie par François Menissier, en vue de l’élaboration de la composition de l’instrument et de la réalisation des tuyaux.
L’orgue de Charolles a été voulu comme un « orgue européen à l’accent français » ; il est fon-dé par ses facteurs sur une esthétique franco-flamande de la première moitié du XVIIe siècle, tout en conservant des souvenirs de la Renaissance et opérant des incursions vers certaines évolutions plus tardives, vers l’Allemagne centrale. Il s’inspire des préconisations que Jean Titelouze avait faites aux facteurs normands (lui-même venant de Saint-Omer...). Cette capacité de l’instrument à embrasser les répertoires européens est ici illustrée par une suite de pièces françaises, italiennes, anglaises et allemandes.
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